Le trachome

De Wikipatsh

Le trachome est la principale cause de cécité d’origine infectieuse dans le monde. Il est dû à une bactérie intracellulaire obligatoire, Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet par contact direct ou indirect avec l’écoulement oculaire ou nasal de personnes infectées, en particulier les jeunes enfants qui forment le principal réservoir de l’infection. Il est également transmis par certaines espèces de mouches qui ont été en contact avec les yeux ou le nez de personnes infectées.

Épidémiologie et caractéristiques cliniques

Dans les zones où le trachome est endémique, le trachome évolutif (inflammatoire) est fréquent chez les enfants d’âge préscolaire, avec des taux de prévalence qui peuvent atteindre 60 % à 90 %. L’infection est moins fréquente et plus courte à mesure que l’âge augmente. Elle est généralement contractée en raison d’une proximité étroite avec une personne souffrant de la maladie évolutive et la famille est le principal environnement de la transmission. Le système immunitaire peut vaincre un épisode infectieux isolé, mais dans les communautés d’endémie, les sujets se réinfectent fréquemment.

Après des années d’infections répétées, l’intérieur de la paupière peut se couvrir de tissus cicatriciels (cicatrices conjonctivales) au point que le bord de la paupière se retourne vers l’intérieur et que les cils frottent contre le globe oculaire (trichiasis), ce qui provoque une douleur constante et une intolérance à la lumière. Cela et d’autres altérations de l’œil peuvent provoquer l’apparition de cicatrices sur la cornée. Faute de traitement, cette affection conduit à la formation d’opacités irréversibles puis à l’apparition de déficiences visuelles et de la cécité. L’âge auquel ces problèmes surviennent dépend de plusieurs facteurs, dont l’intensité de la transmission locale. Dans les communautés de forte endémie, ils peuvent apparaître dès l’enfance, mais la déficience visuelle survient généralement entre 30 et 40 ans.

Les déficiences visuelles ou la cécité aggravent les difficultés des individus et de leur famille, qui figurent déjà parmi les plus pauvres. Les femmes sont jusqu’à quatre fois plus touchées que les hommes, probablement parce qu’elles sont davantage en contact avec des enfants infectés, d’où une plus grande fréquence des épisodes infectieux.

Les facteurs environnementaux associés à une transmission plus intense de C. trachomatis sont les suivants :

  • une hygiène insuffisante ;
  • des logements surpeuplés ;
  • un accès insuffisant à l’eau ; et
  • un accès insuffisant aux moyens d’assainissement et la mauvaise utilisation de ces derniers.

Prévention et lutte

Les programmes d’élimination du trachome dans les pays d’endémie sont mis en œuvre dans le cadre de la stratégie CHANCE, recommandée par l’OMS, qui comprend :

  • la chirurgie pour traiter le stade cécitant de la maladie (trichiasis trachomateux) ;
  • les antibiotiques pour traiter l’infection, en particulier dans le cadre d’une administration massive, donnés par le fabricant aux programmes d’élimination par l’intermédiaire de l’Initiative internationale contre le trachome ;
  • le nettoyage du visage ; et
  • l’amélioration de l’environnement, en particulier en améliorant l’accès à l’eau potable et l’assainissement.

La plupart des pays d’endémie ont convenu d’accélérer la mise en œuvre de cette stratégie afin d’atteindre les cibles en matière d’élimination.

Les données communiquées à l’OMS par les États Membres en 2021 montrent que, cette année-là, 69 266 personnes atteintes de trichiasis trachomateux ont bénéficié d’une chirurgie correctrice et 64,6 millions de personnes vivant dans les communautés d’endémie ont bénéficié d’un traitement antibiotique pour éliminer le trachome. En 2019, quand la COVID-19 ne compromettait pas la capacité des programmes à mener des activités communautaires, 92 622 personnes atteintes de trichiasis trachomateux ont bénéficié d’une chirurgie correctrice, et 95,2 millions de personnes ont reçu des antibiotiques.

Les efforts d’élimination doivent se poursuivre si l’on veut atteindre la cible fixée dans la résolution de l’Assemblée mondiale de la Santé (WHA51.11), à savoir l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique (1). L’entière coopération d’autres acteurs impliqués dans les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et dans le développement socio-économique sera particulièrement importante.